Une réponse de Charles-Albert de Radzitzky, l’un de nos fondateurs et CEO
La question des succès des investissements réalisés à travers Spreds m’est souvent posée. Et la réponse n’est pas si évidente.
Chez Spreds, nous avons une mission claire : démocratiser l’investissement dans des start-ups et entreprises innovantes. Pourquoi ? Parce que ces entreprises ont encore beaucoup à prouver et manquent de track record pour accéder à l’investissement de fonds de venture capital, et même souvent de business angels (cette pratique n’est pas très répandue chez nous, et ils souhaitent généralement également voir un track record avant d’investir). La technique du crowdfunding permet de réduire considérablement le montant individuel que chaque investisseur doit engager, en se regroupant pour financer l’entreprise levant des fonds. Cela permet dès lors à un public plus large de soutenir des projets variés et, dès lors, de financer le démarrage de ces sociétés qui restent sinon sur le carreau.
Cependant, l’investissement dans les start-ups est un domaine complexe et risqué. Appréhender cette complexité et ce risque est au cœur de notre métier. Comment y parvenir, sachant que nous sommes souvent face à des entreprises sans track record, ce qui rend impossible les analyses basées sur l’historique ? J’y reviendrai. C’est essentiel, mais, en réalité, l’investisseur regarde le résultat, pas les moyens. Sa question légitime est simple : quels sont les taux de succès sur Spreds ? Et pourquoi ne pas communiquer davantage sur les succès ?
Deux questions importantes. Commençons par répondre à la deuxième ...
Pourquoi Spreds ne communique pas plus sur les succès ?
Est-ce parce qu’il n’y en a pas, ou très peu ? Non, les statistiques de Spreds sont plutôt bonnes. Mais, comme indiqué ci-dessus, investir dans de jeunes sociétés reste risqué. Mon équipe et moi-même partageons une peur bien naturelle : celle d’induire de mauvaises décisions chez nos investisseurs, prises sur la base de quelques histoires de succès qui pourraient masquer les échecs.
On aimerait tous avoir investi dans Odoo, mais Odoo est le sommet de l’iceberg qui dissimule un grand nombre d’échecs. Faire un seul investissement et espérer qu’il soit gagnant, c’est jouer à la loterie. Ce n’est pas ce que nous prônons, et ce n’est pas non plus ce que les statistiques de marché encouragent.
Pour espérer investir dans un Odoo, il faut avoir investi dans un nombre significatif de sociétés, en espérant que cet Odoo en fasse partie.
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Des statistiques réalistes : les réalités de l’investissement dans les start-ups
Investir dans des start-ups comporte des risques élevés, notamment en raison de l’absence de performances historiques (track record). Les chiffres montrent que :
- 40 à 50 % des jeunes entreprises font faillite, entraînant une perte totale pour l’investisseur.
- 40 % survivent, générant une (petite) perte ou un faible rendement.
- 10 à 20 % réussissent, générant une plus-value significative (un multiple de l’investissement initial).
Ces statistiques, qui reflètent la réalité de l’investissement dans les start-ups, sont universelles. Même les fonds de capital-risque (VC) en phase early stage rencontrent des chiffres similaires, malgré leurs ressources et leurs équipes d’analystes.
Je le constate tous les jours : même en prenant le temps de se forger une opinion, on peut se tromper. Chez Spreds, nous observons régulièrement des projets dans lesquels nous croyons fortement mais qui ne fonctionnent pas — et, à l’inverse, certains projets sous-estimés se révèlent être de véritables réussites. C’est tout le défi et la richesse du jeu des statistiques dans l’investissement early stage.
Chez Spreds, nous présentons un grand nombre de projets, y compris avec des co-investisseurs professionnels. Malgré ces soutiens, certaines entreprises échouent, illustrant les défis inhérents au financement de start-ups. Mais il y a évidemment des succès qui permettent aux investisseurs d’avoir le rendement espéré sur un portefeuille suffisamment diversifié (le rendement étant également soutenu par le tax shelter, comme montré plus bas). La diversification n’est pas un vain mot. Pour que les statistiques fonctionnent, il faut diversifier ses investissements sur un nombre suffisamment élevé de cibles !
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Donc, clairement, nous avons peur. Peur d’induire de mauvaises décisions chez nos investisseurs, prises sur la base d’histoires de succès qui pourraient cacher les échecs.
Je dois aussi ajouter un élément important : Spreds ne peut pas émettre de conseils d’investissement. Notre agrément ne nous le permet pas. Cela dit, même si nous en avions la possibilité, nous ne le ferions pas. Pourquoi ? Parce que l’investissement est avant tout une décision personnelle qui doit être prise de manière éclairée, consciente et responsable. Nous encourageons chacun à former sa propre opinion, car même les projets les plus prometteurs peuvent échouer, et des entreprises sous-estimées peuvent parfois réserver de belles surprises. Investir et jouer à la loterie doivent être aux antipodes l’un de l’autre.
Cela dit, à la fin de cet article, je partagerai tout de même certains succès, car il ne faut pas non plus s’auto-flageller !
Avant cela, je souhaite toutefois éclaircir un point essentiel : comment appréhendons-nous la complexité et le risque liés à l’investissement dans de jeunes sociétés ou des entreprises innovantes ? En d’autres termes, quelle est notre procédure de sélection ? Cette question revient souvent, et à juste titre. Il est crucial, pour tout investisseur, d’avoir cette information avant de prendre une décision.
Procédure de sélection de Spreds
Chez Spreds, notre méthodologie repose sur deux volets principaux : la sélection et la mitigation du risque. Ces deux volets combinent rigueur, transparence et connaissance approfondie du marché pour accompagner les investisseurs dans leurs décisions tout en maximisant les chances de succès des campagnes.
I. Le volet sélection respose sur trois piliers :
1. Élimination des projets non sérieux ou frauduleux
Le premier pilier de notre procédure est un filtre qui vise à écarter les projets qui ne sont pas suffisamment sérieux, voire frauduleux. Avant de lancer une campagne sur Spreds, les entrepreneurs doivent franchir plusieurs étapes rigoureuses :
Le premier pilier de notre procédure est un filtre qui vise à écarter les projets qui ne sont pas suffisamment sérieux, voire frauduleux. Avant de lancer une campagne sur Spreds, les entrepreneurs doivent franchir plusieurs étapes rigoureuses :
· Répondre à un grand nombre de questions détaillées.
· Fournir des informations permettant d’évaluer leur sérieux, leurs compétences et leur capacité à mener leur projet à bien.
· Finaliser l’ensemble du processus d’inscription, ce qui exclut naturellement certains projets peu fiables.
Ce pilier est essentiel pour protéger les investisseurs contre les risques inutiles et garantir la qualité des campagnes proposées.
2. Mise à disposition d’informations claires et accessibles
Le deuxième pilier consiste à rassembler et présenter toutes les informations nécessaires pour permettre aux investisseurs de prendre une décision éclairée et individuelle. Cela inclut :
Le deuxième pilier consiste à rassembler et présenter toutes les informations nécessaires pour permettre aux investisseurs de prendre une décision éclairée et individuelle. Cela inclut :
· La fiche d’informations clés sur l’investissement, qui résume les éléments essentiels de chaque projet.
· Le profil en ligne de la campagne, où les investisseurs peuvent approfondir leur compréhension du projet.
· La scorecard : grande nouveauté de cette année et sujet de fierté pour notre équipe. Après des années de recherche, nous avons conçu notre propre scorecard, basée sur des travaux académiques sur les facteurs de succès des start-ups. Cet outil évalue des critères essentiels tels que le potentiel de marché, la qualité de l’équipe dirigeante, la solidité du modèle économique, et d’autres éléments déterminants pour le succès d’une entreprise. Il permet ainsi : d’avoir une vision objective de la situation actuelle d’une entreprise et de comparer rapidement les opportunités tout en complétant vos propres recherches. Pour en savoir plus, cliquez ici
3. L’intelligence collective comme filtre supplémentaire
Le troisième pilier repose sur la puissance de l’intelligence collective. Toutes les campagnes ne réussissent pas sur Spreds, et c’est une bonne chose. Lorsque de nombreux investisseurs s’intéressent ou non à un projet, cela devient un indicateur précieux de sa pertinence. Les campagnes qui n’atteignent pas un minimum de financement sont automatiquement annulées, garantissant que seules les entreprises ayant suscité un intérêt suffisant poursuivent leur parcours. Environ 20 % des campagnes échouent à franchir ce seuil, ce qui constitue une véritable sélection naturelle des projets.
Le troisième pilier repose sur la puissance de l’intelligence collective. Toutes les campagnes ne réussissent pas sur Spreds, et c’est une bonne chose. Lorsque de nombreux investisseurs s’intéressent ou non à un projet, cela devient un indicateur précieux de sa pertinence. Les campagnes qui n’atteignent pas un minimum de financement sont automatiquement annulées, garantissant que seules les entreprises ayant suscité un intérêt suffisant poursuivent leur parcours. Environ 20 % des campagnes échouent à franchir ce seuil, ce qui constitue une véritable sélection naturelle des projets.
II. Le volet mitigation du risque repose également sur trois piliers principaux :
- Co-investissement avec des professionnels
Lorsque cela est possible, nous favorisons les campagnes où les investisseurs de Spreds peuvent investir aux côtés d’investisseurs professionnels, comme des fonds de capital-risque ou des business angels. Bien que ces investisseurs soient parfois réticents à intervenir en phase early stage à cause du manque de track record, la réduction de leur contribution minimale grâce au crowdfunding les incite parfois à faire une exception. Leur présence offre plusieurs avantages : une validation supplémentaire du projet, un accompagnement stratégique, et un soutien à long terme qui profitent à tous les investisseurs. - Encouragement à la diversification
La diversification est l’un des principes fondamentaux de l’investissement dans les start-ups. Nous encourageons nos investisseurs à ne pas mettre tous leurs œufs dans le même panier. Notre Tracer Tax Shelter par exemple, permet de faciliter l’investissement dans plusieurs entreprises, réduisant ainsi le risque global et augmentant les chances de succès à long terme. - Avantage fiscal
Le dispositif fiscal du Tax Shelter constitue un amortisseur significatif face aux risques. En permettant de récupérer jusqu’à 45 % de l’investissement, il réduit l’exposition financière en cas d’échec et offre une véritable incitation à investir dans l’innovation.
En fin de compte, seulement 3 % des entreprises qui nous contactent parviennent à lever des fonds via Spreds. Ce taux est comparable à celui des fonds de venture capital, ce qui témoigne de la rigueur de notre processus de sélection.
Pourquoi toutes les campagnes ne réussissent pas à lever les fonds espérés chez Spreds ?
Un taux de succès de 100 % pourrait sembler idéal, mais en réalité, cela serait le signe d’un modèle inefficace ou trompeur. Voici pourquoi :
- Absence de sélection
Si toutes les campagnes étaient financées avec succès, cela signifierait que n’importe quel projet, quelle que soit sa qualité ou son potentiel, peut lever des fonds.- Un taux d’échec raisonnable est un indicateur de rigueur. Chez Spreds, environ 80 % des campagnes publiques atteignent leur objectif de financement. Ce chiffre reflète un modèle équilibré, à la fois inclusif et exigeant.
- Les campagnes qui n’atteignent pas leur objectif subissent une forme de sélection naturelle : seuls les projets qui réussissent à convaincre la foule parviennent à se financer.
(Pour plus de détails, voir le premier volet de notre procédure de sélection.)
- Respect du choix individuel
Chez Spreds, nous estimons que les investisseurs doivent avoir la liberté de choisir les projets qu’ils jugent les plus prometteurs. Cette approche permet une sélection basée sur le discernement individuel. - Valorisation des projets risqués mais à haut potentiel
L’innovation est indissociable du risque. En permettant à des start-ups audacieuses de se présenter au public, même si certaines échouent, nous contribuons à un écosystème où les idées innovantes peuvent émerger. Éliminer tout risque reviendrait à éliminer également les opportunités de succès exceptionnels ou les innovations qui pourraient avoir un impact significatif pour notre monde.
Pour citer quelques exemples, Spreds a soutenu des entreprises belges innovantes comme Univercells, qui développe des solutions pour rendre les biotechnologies accessibles, Digiteal, spécialisée dans les paiements numériques sécurisés, et Elysia, experte en imagerie pour la recherche médicale. Nous avons également participé au financement de Turbulent, créateur de micro-turbines hydrauliques et Greenzy, qui propose des solutions pour le compostage intelligent.
En matière d’énergie renouvelable, Spreds a collaboré sur des solutions de prêt avec des acteurs majeurs du paysage belge comme ENGIE Electrabel, Eneco ou EDP Renewables, visant à accélérer la transition énergétique.
Faire face aux critiques : transparence et ouverture
Parallèlement à nos efforts pour informer et accompagner nos investisseurs, nous les prévenons systématiquement des risques qu’ils prennent, à chaque étape : lors de la création de leur compte et avant chaque investissement. Cependant, il arrive que nous recevions des commentaires négatifs, souvent publiés rapidement sur les réseaux sociaux, par des personnes exprimant leur frustration après l’échec d’une start-up dans laquelle elles ont investi.
Ces critiques nous touchent, c’est indéniable, car elles remettent en question notre professionnalisme. Elles me touchent personnellement parce qu’elles ciblent directement ou indirectement mon équipe. Quand j’entends une critique sur Spreds, c’est une critique de leur travail voir de leur personne que j’entends. Et là, ma première réaction est de montrer les crocs. On ne touche pas à mon équipe ! Je connais l’éthique et le professionnalisme de chacun de mes collaborateurs et ils sont sans concessions. Je suis donc tenté d’y répondre sur-le-champ, car il m’est difficile de garder mon calme face à des critiques formulées à distance, souvent de manière anonyme, derrière un écran, sans volonté d’engager une discussion constructive. En effet, même les plus audacieux se limitent généralement à des commentaires sur les réseaux sociaux.
Je dois pourtant me rappeler (et c’est crucial dans mon métier !) que les investisseurs sont aussi des êtres d’émotion. Leur réaction face à un mauvais investissement est compréhensible et légitime.
Notre rôle est de continuer à appliquer de manière systématique et professionnelle le processus décrit plus haut, tout en valorisant la transparence et en encourageant les échanges directs et honnêtes. Ces valeurs sont essentielles pour instaurer un dialogue respectueux et productif, fondé sur la confiance et l’ouverture.
Conclusion : des résultats transparents
Nous y sommes enfin ! Comme promis, après un long développement, voici ma réponse à la question qui taraude nos investisseurs : Quels sont les taux de succès chez Spreds ?
Sur l’ensemble des sociétés dans lesquelles nos investisseurs ont placé des fonds :
- 70 % sont toujours en portefeuille, c’est-à-dire que les investisseurs détiennent encore des participations dans ces entreprises.
- Parmi celles-ci, 75 % sont en situation "normale", ce qui ne garantit pas leur succès pour autant — les aléas demeurent une réalité constante.
- Environ 25 % sont en situation dite "spéciale" (en procédure de liquidation ou de redressement judiciaire).
- 30 % des sociétés sont sorties du portefeuille. Parmi celles-ci :
- Un peu moins de 40 % ont généré une plus-value pour les investisseurs.
- Un peu plus de 60 % ont abouti à une perte, souvent équivalente à 100 % du capital investi.
Ces chiffres reflètent à la fois la nature risquée mais potentiellement lucrative de l’investissement dans des start-ups. Ils sont le résultat d’un processus rigoureux et transparent, en accord avec les réalités du marché et les spécificités de l’écosystème entrepreneurial.
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Parmi les sorties notables ou récentes, citons :
· YogaRoom : Les investisseurs ont reçu 200 % de leur investissement initial en 3 ans, grâce à une sortie réussie en 2017.
· iReachm : En moins de 3 ans, les investisseurs ont reçu 136 % de leur investissement initial, suite à une sortie en mai 2018 après une levée de fonds en 2015.
· Jumpsquare : En 9 mois, les investisseurs ont reçu 135 % de leur investissement initial, grâce à une sortie en juillet 2018 après une levée en novembre 2016.
· Medicheck : Les investisseurs ont récupéré 198 % de leur investissement initial sur une période de 4 ans, avec une sortie en avril 2021 après un investissement en 2017.
· Digiteal: Les investisseurs ont récupéré jusqu'à 172 % de leur investissement initial sur une période de 6 ans, après une levée de fonds en 2018